Interview de Yann Boislève réalisée par email en novembre 2003
Présentation
du personnage : qui es-tu, bel inconnu ? Je pense pour ma part que le
petit milieu punk (au sens large) tient grâce à des individualités fortes aux
parcours souvent intéressants, donc si ça te dit, explique nous comment tu es
arrivé dans le HC/punk et tout ton petit parcours, dans ses grands moments
comme dans ses pitoyables ( ?) avant de te mettre à faire des skeuds.
Ben,
j'ai peur que mon parcours soit assez peu intéressant ! J'ai pas
l'impression d'avoir fait des miracles. J'ai pas sombré dans la drogue, j'ai
pas (encore) été en taule, j'ai pas rejoins la guérilla zapatiste, je suis
jamais passé à la télé. J'ai été au lycée, comme tout le monde, ou j'ai
eu le malheur de d'avoir pour meilleur pote le punk de la classe, qui m'a vite
enregistré quelques cassettes. De là, j'ai eu une révélation, je me suis mis
a faire mes propres zines, de la radio, de la distro, à écrire à des gens aux
4 coins du monde, j'ai sorti des disques, organisé des concerts… Tout s'est
fait assez progressivement. On commence par écouter OTH ou Dead kennedys, puis
on fait un zine pour parler de ses groupes préférés, puis on fait un label
pour les aider a se faire connaître, puis on fait des concerts pour les faire
tourner.
Parles-nous un peu des tes activités musicales ou extra-musicales qui pourraient expliquer que tu te retrouves interviewé dans un zine comme le mien ? Il paraît que tu bosses sur ce qu’on appelle un “ label ” ? Quels disques as-tu sorti ?
Extra
musicales : pas grand chose, surtout des coups de mains à un tas d'asso végétariennes
et de protection des animaux (One voice, PMAF, Veg'Asso, LFCV, Koala, etc etc).
Musicales : site web, concerts, distribution, label, etc. Niveau label,
grosso modo en 15 ans j'ai sorti 15 disques, ça va du punk-rock au grindcore,
et des Philippines au Brésil en passant par la Lituanie ou le Portugal.
Qu’est-ce
qui te motive à ressortir en CD des skeuds de vieux groupes étrangers comme
HHH ou Agent 86 ? Pourquoi ne pas plutôt aider des groupes actuels à
sortir leurs disques s’ils ont des difficultés pour le faire ?
Ouais,
bonne question. Mais JE DONNE la possibilité a des groupes actuels de
s'exprimer, puisque j'ai sorti dans le même temps des disques de Shortcut, Feud,
Pointing finger, Petrograd, Cojoba…. D'autre part, j'y peux rien, les groupes
des années 80 j'ai été élevé avec, c'est eux qui m'ont attiré dans le
punk, je ne veux pas les voir disparaître. C'est important, aussi, de connaître
ses racines. Toi même, n'es-tu pas content de pouvoir encore trouver des skeuds
des Clash, X ray spex, Redskins ou autres Selecters ? Hein ? Je pense
que certains de ces disques ont répondu a une attente du public, puisque le HHH
a été repressé 2 fois. Etre bloqué sur le passé, cé nul, mais vivre au présent
en gardant le passé en tête, cé cool. :)
Tu
vends les disques que tu sors très peu cher. Comment réussis-tu à t’en
sortir ? Comment expliques-tu que d’autres vendent des disques qu’ils
“ produisent ” 15 Euros pièce ou plus ?
Mes
disques ne sont pas chers car je ne gagne pas d'argent dessus. C'est un loisir,
je les sors pour me faire plaisir. Je ne prend pas de marge. Il y a pas mal de
labels qui fonctionnent comme ça, et puis d'autres qui essayent d'en vivre,
donc ils doivent payer leur salaire, des impôts, des charges… Ca explique
toute la différence. Sinon comment je m'en sors, ben, en bossant comme un fou,
parce qu'en plus de ne pas (ou peu) faire de marge, il se trouve que je
distribue mes disques moi-même et que je sors des groupes peu connus. Donc il
me faut parfois 2 ans pour écouler toutes mes copies d'un Cd. Et financièrement,
c'est un peu bancale, je ne calcule pas, je me fais plaisir. Y'en a qui jouent a
la pétanque ou qui collectionnent les timbres, moi je sors des disques. Tu vas
pas aller dire a un mec qui collectionne les timbres "comment tu fais pour
rentabiliser ta collection ?". Mes disques c'est pareil. Je ne les
sors pas dans l'optique de les rentabiliser, mais avant tout de me faire plaisir
(bon j'essaye quand même de pas sortir n'importe quoi, vu que les sommes
investies approchent parfois les milliers d'euros). :)
Vendre
des disques peu cher peut être cool pour ceux qui les achètent, mais tous les
groupes ont besoin d’argent pour exister, que ce soit pour aller jouer à
droite ou à gauche (car les sommes promises pour défrayer les groupes ne sont
pas toujours versées dans leur intégralité en fin de concert) ou pour
enregistrer des morceaux. A ton avis, comment concilier ce besoin d’argent
pour les groupes et une volonté de faire circuler la musique sans que le prix
d’un disque soit un trop gros frein à cette circulation ?
C'est
un peu a chacun de voir selon ses opinions, son degré d'enthousiasme, ses buts
en tant que groupe. Les groupes que je côtoie jouent par plaisir (ou/et pour délivrer
un message), ils se fichent de l'argent. La plupart du temps leurs comptes sont
a zéro, parfois ils gagnent 3 francs-six sous, ou ils en perdent. Je pensent
qu'ils perdent + d'argent qu'ils en gagnent, mais c'est comme l'exemple
ci-dessus du collectionneur de timbres. Si tu montes un groupe avec comme
optique de rembourser ta guitare et ton ampli Marshall, a mon avis c'est naze !
Je
ne crois pas que "mes" groupes ont de réels problèmes d'argent. On
essaye toujours de se rembourser. Si un groupe dépense 1000 euros de studio,
ben je leur file pour 1000 euros de disques a revendre. C'est simple. Et si ils
font un concert qui leur coûte 100 euros d'essence, ils demandent au barman de
leur filer 100 euros (+ la bouffe + quelques boissons). A mon avis, si on ne vit
pas de la musique, on ne devrait pas avoir a vendre un cd au dessus de 8 ou 9
euros. J'essaye aussi par le label de montrer qu'on peut faire des disques de
qualité (son, pochette, distribution…) avec de petits moyens et sans
ambitions commerciales exagérées. Mes disques sont toujours remplis
ras-la-gueule de musique (60-70 minutes), ils sont accompagnés de livrets
copieux, ils sont distribués sur les cinq continents ou presque, et pourtant
ils sont vendus 2 fois moins cher que ceux qu'on peut trouver a la Fnac.
Tu
réponds pas vraiment à ma question, là, mais peut être me suis-je mal exprimé.
En fait, je veux dire que, à partir du moment où tu joues dans un groupe, que
tu composes et joues tes morceaux, j’imagine que tu souhaites les
faire
connaître à un peu de monde, donc faire des concerts, des disques, d’autres
concerts… Le problème, c’est que ça coûte de l’argent, et que parfois,
on t’en promet pour venir jouer ici ou là, et au final, on te dit, après le
concert : “ Ah ben ça a pas marché, désolé, mais au lieu de 50
Euros, on peut vous en filer que 10 ”. Et à ce moment là, pour rentrer
chez toi, avec ta petite voiture dont le réservoir est vide, ben tu y es de ta
poche… Quand ça arrive rarement, c’est pas trop grave, mais quand ça
arrive souvent et que tu n’as pas d’argent pour enregistrer les nouveaux
morceaux de ton prochain skeud (paske la vie est chère, les salaires bas et
qu’une fois que tu as bouffé, payé le loyer, les factures, etc. il reste
quasiment rien), ça commence à poser un problème. Et là, moi, je me demande
si vouloir absolument être dans le trip “punk-DIY” (ou autre dénomination),
jouer dans des concerts aux prix d’entrée bas devant des types qui ne
voudraient pas payer + cher pour te voir de toute façon, mais sont prêts à
claquer beaucoup de tunes au bar, si donc avoir une démarche “ punk-DIY ”
ne peut pas être un frein pour certains groupes ? Sans que ces groupes
aient forcément envie de se faire du pognon, hein, tu vois ce que je veux dire ?
Ou alors est-ce qu’il n’y a pas un trop grand décalage entre une petite
minorité agissante (groupes, labels, orgas de concerts) et le public, qui se déplace
peu pour les concerts, ne veut pas payer trop cher une entrée, un disque ?
Bref, t’en penses quoi, de tout ça ?
Ouais,
je crois que j’avais compris ta question, mais je ne pense pas que l’argent
soit un réel problème. Les mecs qui font des concerts, en général ils savent
a peu près ou ils mettent les pieds. C’est rare d’avoir de grosses
surprises. Quant à enregistrer un disque, de nos jours pour 15000F (2500 euros)
tu sors 1000 cds. N’importe quel groupe composé de 3, 4 ou 5 personnes peut
se le permettre. Ca représente 2 mois de salaire pour une personne ; un
job d’été et basta. Tous les groupes que je connais ont toujours été sur
la corde raide, parce que c’est clair en ayant une démarche non-profit tu
prend des risques (si t’as 0F dans ta caisse et qu’un con casse ta batterie
en slammant dessus, forcement t’es mal), mais j’ai jamais vu non plus de
groupes arrêter de jouer pour des raisons strictement financières.
Ca
dépend de la motivation de chacun. C’est a chacun de voir la marge qu’il
estime juste. Après y’en a qui vont vendre un cd à 30F et d’autres à 50F,
ça dépend des motivations, de l’investissement, du "niveau de vie du
groupe"… Je n’y vois pas de problème. Je commence + à tiquer quand un
groupe vends ses skeuds 70 ou 80F, et demande au delà de 1000F pour jouer. A
mon avis ce n’est pas raisonnable.
Je
pense que c'est révélateur d'un état d'esprit. En vendant mes disques 50F,
j'ai pas l'impression d'être un extrémiste du DIY non plus, et un groupe qui
demande + de 1000F de cachet pour jouer en France, je me pose des questions sur
ses profondes motivations.
Tu
milites pour le végétarisme et défends des idées libertaires. Est-ce qu’à
côté de ce genre d’engagements, faire presser des CDs n’est pas un peu
futile, une perte de temps et un gaspillage ? Ou penses-tu que la musique
puisse avoir un impact politique autre qu’individuel (c.à.d. sur un individu
isolé, et encore, ça marche pas sur tout le monde !) ? Est-ce pour
toi une forme de militantisme que de sortir des disques ?
Non
au contraire, un cd est très utile. Les gens adorent la musique. La musique en
tous temps et en tous lieux à toujours servi a véhiculer des messages. Les
premières musiques ont probablement été créées par des tribus africaines
qui s'en servaient pour communiquer entre elles il y a des milliers d'années.
Personnellement, une grande partie de mon cheminement idéologique a été réalisé
en lisant et traduisant des textes de groupes rock. Avant, je faisais un zine,
distribué a 200/ 250 exemplaires et lu par peut-être 500 personnes.
Maintenant, je sors des Cds tirés à 1000 exemplaires et lus/entendus par
probablement 2000 personnes ! Tu peux trouver ça futile si tu veux !
:) Je me fais plaisir et en plus je touche les gens avec des sujets qui me
tiennent a cœur. Ce n'est pas une perte de temps car je le fais sur mon temps
de loisir. Si j'allais jouer au basket ou bronzer sur la plage, là ça serait
de la perte de temps. J'essaye de joindre l'utile a l'agréable, comme on dit.
A
propos de végétarisme et de la défense des animaux, d’ailleurs : ce
petit milieu contient aussi des gens proches de l’extrême droite. Serais-tu
prêt à travailler avec ces personnes dans l’intérêt de cette cause (la
défense des intérêts des animaux) ? Si non, est-ce facile d’être au
courant de qui est qui et qui fait quoi dans ce milieu, c’est à dire d’éviter
et dénoncer ce genre de personnes ?
Ouais,
des conservateurs y’en a partout, même dans le punk. J’ai déjà vu bien
des crêteux qui étaient dans leurs attitudes + à droite que Brigitte
Bardot… Faut voir, juger au cas par cas. Dans l’asso ou je milite on a
toujours évité les contacts avec la Fondation Brigitte Bardot, par exemple,
parce qu’on trouve que les idées politiques qu’elle met en avant déteignent
sur la cause animale et la desserve. Le mouvement pour la protection animale est
beaucoup moins politisé que le punk, la politique les gens en parlent peu voire
l’évitent, donc c’est dur quand t’es à une manif de savoir si ton voisin
vote Arlette Laguiller ou Nicolas Sarkozy. Franchement je sais pas. Selon le thème
de la manif, je pourrais être amener a côtoyer des chasseurs, des gens de
droite, des squatters, des écolos… Faut voir au cas par cas. Je pense
qu’une bonne partie des gens dans ce mouvement ont une sensibilité "à
gauche" (difficile de défendre les droits des bêtes sans s’apitoyer sur
les droits des humains), mais encore une fois, c’est rare qu’on parle
politique avec les gens qu’on croise à des repas, des diffs de tracts, etc.
J’associe
personnellement végétarisme et écologisme. Parmi les écolos, il y a eu aussi
des gens bien craignos du genre “ Earth First ” aux Etats Unis
(avec des discours comme “ la famine en Afrique est un moyen de réguler
la surpopulation ” si je me souviens bien). Que penses-tu de ce genre
d’idées et organisations ?
Je
ne connais pas bien Earth first, qui est un groupe surtout américain, mais je
doute que cette phrase soit leur ligne de conduite ! Peut-être celle
d’un allumé se réclamant du groupe… Encore une fois je ne veux pas éviter
la question, mais tu me demandes de juger "des" organisations toutes
entières, des mouvements, et je ne peux pas généraliser sur plusieurs
individus ou groupes. Il y a vraiment de tout dans l’écologie, de Brice
Lalonde (à droite) aux eco warrior (plutôt extrême gauche quand même), en
passant par les Verts voire José Bové.
Je
n’associe pas implicitement le végétarisme et l’écologie, après tout, on
peut très bien manger végétarien tout en polluant énormément. Je connaît
des végétariens qui utilisent leur voiture pour aller à la boulangerie à 100
mètres de chez eux. Maintenant, c’est vrai que la plupart des végétariens
ont tendance à manger bio et à "moins gaspiller". Et c’est vrai
que dans un sens, vouloir protéger des animaux implique quasi-nécessairement
qu’on se préoccupe de leur habitat naturel (cette remarque marche aussi pour
les hommes). Donc, pour résumer et revenir à ta question, il y a de tout chez
les écolos, et la plupart des groupes radicaux me semblent intéressants, leurs
actions d’éclat ont souvent attiré l’attention des médias et fait
progresser les choses.
Tu
participes aussi à la réalisation
d’un site internet dont une partie est consacrée à la dénonciation
d’arnaques dans le milieu HC/punk. Est-ce ton côté “ justicier ”
qui fait surface ? Qu’attends-tu de ce genre de dénonciation publique ?
Penses-tu avoir vocation à nettoyer le milieu HC de ses arnaqueurs ?
Tu
confonds avec d'autres sites, qui font ce genre de choses. Il n'y a pas de
partie "arnaque" chez moi, même si ça me dérangerais pas de la
faire. Il m'est déjà arrivé de critiquer quelques requins-labels comme
Lost'n'Found en Allemagne ou un label parisien réputés pour leur sens aigu de
la malhonnêteté. Et je pense en effet que ce genre de label n'a pas sa place
dans la scène underground, et qu'à partir du moment où la malhonnêteté
d'une personne est prouvée, elle devrait être boycottée et exclue
manu-militari de notre grande famille.
Tu
as toi-même été la cible d’une dénonciation calomnieuse via un email
anonyme il y a quelques années. Un type claironne sur des forums internet
qu’il est en guerre contre toi et prêt à te rentrer dedans quand il te
croisera sous prétexte que tu l’aurais arnaqué et aurais cherché à lui
nuire. Qu’en penses-tu ?
Je
pense que les chiens aboient et que la caravane passe. J'ai toujours rien vu
venir… Mais je n'ai pas l'intention du tout de me laisser faire sans réagir.
Wait and see.
Tout
autre sujet : que penses-tu des zines d’opinion axés HC et @punk
(Personnellement, je trouve qu’ils ressassent souvent les mêmes clichés éculés
et quand j’ai envie de m’informer sur des sujets politiques, je me dirige
directement vers les journaux d’organisations politiques) ?
Ben,
et ton zine, il ressasse pas les clichés éculés peut-être ?! Ha ha ha !
De nos jours a partir du moment ou tu fais un groupe, un zine, un livre,
tu rabâche forcément des choses qui ont déjà été faites. C'est un peu
dommage mais c'est pas forcement un problème. Dire que le racisme, c'est mal,
ben c'est peut-être con mais c'est toujours valable voire même d'actualité.
Je pense que la plupart des zines sont écris par des petits jeunes motivés et
enthousiastes, peut-être que ça explique que tu les trouve "clichés" ?
Moi j'aime bien les zines, ça permet aux gens de se défouler et puis vu qu'on
ne peut pas s'exprimer par le biais des médias traditionnels, faire les siens
soi-même, c'est hyper positif. Tu vas peut-être pas retrouver des articles de
fond sur la politique ou la situation sociale en Ouzbékistan dans un zine punk
a trois francs (0,46€), mais je ne pense pas que ce soit le but non plus. Les
zines, les groupes, c'est plutôt un tremplin, une incitation a te faire tes
propres idées. Tu entend trois slogans sur le végétarisme, et si ça te
semble intéressant, tu vas acheter un bouquin plus approfondi. Ca me semble
normal. J'aime bien les zines ou les éditeurs n'ont pas peur de s'exprimer, les
zines qui mixent articles, opinions personnelles et musique ou cinema ou Bd, ou
skate. Et comme disent les basques : Besta bai, boroka ere bai.
Tu
réalisais un zine que je n’ai jamais lu mais dont le nom (“International
Straight Edge Bulletin”) laisse présager qu’il ne s’intéressait qu’au
mouvement sXe. Quel était pour toi l’intérêt de t’adresser à une minorité
de gens, eux mêmes investis dans une scène musicale (le HC et le punk) extrêmement
minoritaire ? Ca risquait pas de tourner à la secte trotskyste, ce genre
de truc ? Est-ce que le mouvement sXe a toujours autant d’importance pour
toi ?
Faut
remettre dans le contexte, quoiqu’il n’est pas vraiment différent de nos
jours. Je suis SxE et en France, cette scène n’a jamais décollé alors
qu’elle est ou a été extrêmement développée en Belgique, Allemagne,
Italie, etc… Comme pour toute minorité, c’est normal que les gens
ressentent le besoin de se regrouper, de se connaître, d’échanger leurs
problèmes ou leurs passions. Donc comme on était très peu nombreux, le fait
de faire un zine ça permettait aux SxE éparpillés sur la France de se
rencontrer. Et on peut toujours arguer que ça fait ghetto, mais en tout cas
c’était pas le but, et justement, même avec un fort accent sur le SxE, le
zine a toujours parlé du punk, du Hc, voire du crust ou du ska, bref,
d’autres styles de vie ou d’autres styles musicaux, en + de parler aussi de
libération animale ou de problèmes sociaux.
Oui
le mouvement SxE est toujours aussi important pour moi, je trouve que c’est un
mouvement très positif (sans mauvais jeu de mots) qui allie les problèmes
personnels aux social, des musiques rapides et lentes, et des gens en général
actifs. Ca m’a jamais choqué de faire un truc "entre nous", encore
une fois ça n’empêchait pas de présenter d’autres mouvements, et puis un
zine ce n’est pas une vie, ça n’empêche pas a coté d’avoir d’autres
activités dirigées vers le reste de la société. D’ailleurs, le site web
que je fais (cf + bas) est la continuation du zine papier, le contenu y est très
similaire, peut-être un poil + large.
Ton
avis sur la “ scène ” hardcore / punk en France ? Qualités ?
Défauts ? Espoirs ?
Ca
dépend des moments. En ce moment je trouve qu'elle est pas mal, y'a pas mal de
concerts, pas mal de labels, de groupes, et puis les influences chiantes et
commerciales des années 90 (l'emo, le metal, le Hc melodique sauce Epitaph) se
sont épuisées donc il ne reste plus "que" de bons groupes rageurs et
revendicateurs. Nan franchement, en ce moment on est sur la pente remontante.
Niveau Hc old school, il n'y a jamais eu autant de groupes ! (presque 20
ans après les USA, mais bon…)
La
question à la con (encore pire que les autres, donc): ton avis sur le
grand retour des ceintures à clous dans le milieu punk/HC ? Plutôt clous
coniques ou pyramidaux ? Avantages et inconvénients ? Pourquoi la
triplex (en chaînes de vélo –sans la graisse !-) a-t’elle du succès
seulement chez les skins ?
J'en
ai jamais porté. C'est vrai qu'on en voit beaucoup, de la Star academy aux emos
en passant par les skins… Je crois que dans 2 ans, on en entendra plus parler.
Finalement,
encore une question débile : ton avis sur les looks associés aux courants
musicaux qui nous intéressent ? Piercing, tatouage, crêtes ?
L’habit fait le moine et la croix sur la main le straight edge ?
Malheureusement
l'habit fait le moine, c'est triste d'aller a un concert punk et de ne voir que
des spikes et des docs, et d'aller a un concert Hc old school pour ne voir que
des baskets et des cheveux ras. Apres, c'est normal que "qui se ressemble
s'assemble", et puis quand on est jeune on cherche toujours a se raccrocher
a une famille ou un "drapeau" quelconque. Je n'y attache pas vraiment
d'importance… et je porte des croix sur les mains alors ta gueule ! :)
Ton
avis sur les reformations de vieux groupes français, alors qu’on apprend la
reformation des BxN cette semaine ?
C’est
sûr cette histoire de BN ? Ca fait longtemps que ca court… Je
l’imagine mal, a part pour le blé.
Bon
ça dépend de chaque groupe. En général c’est uniquement pour le pognon et
franchement je m’en tape le genoux droit (Parabellum, Oberkampf, Métal
Urbain, Dead Kennedys, Youth of today…). Dans certains cas, quand c’est fait
“ pour le fun ”, je trouve que c’est plutôt marrant de voir des
vieux groupes se retrouver après 10 ou 15 ans. Kidnap par exemple, qui se sont
reformés deux fois, j’ai trouvé ça sympa. Ou on parle d’Haine brigade.
Pourquoi pas après tout ? Ca dépend des motivations. Je préfère garder
une bonne image de mes vieilles idoles plutôt que de les voir se ridiculiser
avec leurs gros bides et leurs blousons de cuirs, et de les voir se prendre le
choux pour des histoires de gros sous dans les backstage… Donc acte : je
ne suis allé voir aucun des 5 groupes cités + haut.
Projets
et mot de la fin ?
Mes
projets sont assez routiniers :continuer a filer des coups de main a des
assos de protection des animaux et/ou végétariennes, continuer a sortir
quelques Cds, organiser des concerts, faire mon site web… La routine quoi !
http://www.punk-hardcore.fr.st
et http://www.vegetarisme.info
Contact:
Yann Boislève, La Saudrais, 35310 Cintré - coinxxxcoin@yahoo.fr