Interview réalisée par email janvier 2004

     Tout d’abord, vous souvenez-vous de ce qui vous a poussé à former ou rejoindre le groupe ? Qu'est-ce qui vous motivait à l'époque pour jouer dans un groupe punk?

D’abord probablement l’ennui.  Quand t’as 14, 15 ans que t’es dehors, que tu vies à Pécoreland et que t’aimes pas le foot et les supporters …Tu te fais chier, t’écoute de la musique, tu contes fleurette et tu bois des coups et soudain tu tombes sur des groupes qui hurlent et qui ne font rien comme les autres et là, génial, il suffit de faire du bruit, pas besoin de savoir jouer de la musique.  C’était à notre hauteur et en plus ça faisait chier les joueurs de foot (Le reste de Pécoreland).

Comment, d’ailleurs, aviez-vous découvert le punk ? Pouvez-vous nous dire comment, en quoi ça a changé votre vie, et si vous jugez ces éventuels changements positifs ou négatifs ?

On avait une chance énorme à Pécoreland, on captait la radio et même la BBC (Il y avait une émission un soir par semaine qu’il fallait écouter !).  Je ne me souviens plus, mais on était à affût et Aldo est un collectionneur, un fouineur….La musique punk est arrivée alors que l’on écoutait Alice Cooper, les Stooges, New York Dolls etc.  La musique nous a évité de nous laisser aller et d’aimer le foot, c’est plutôt positif, non ?

Qu’est-ce que cela impliquait, concrètement, au quotidien, de jouer dans un groupe punk, d’avoir la dégaine, au début des années 80, à Blois et alentour ? Quelques anecdotes à ce sujet ?

C’est clair que l’on était connu à Blois et peu apprécié (du moins au début).  C’était drôle à l’époque, il y avait les Rockers contre les Punks, ça pouvait mal se passer mais globalement on était pote avec tout ceux qui montaient des groupes (R & Blues, Rockabilly, etc), on se refilait des tuyaux etc.  Des anecdotes ? Ouais y en a sûrement.

Quand j’écoute des morceaux comme « Putain de vie » ou « Sympa les gros bras », je trouve que les paroles sont un mélange de sincérité et de naïveté mais au final, ces chansons me parlent plus que celles d’autres groupes. Un avis là-dessus ? Qui écrivait les paroles du groupe ? Quelles étaient vos sources d’inspiration ? Comment étaient composés les morceaux ?

Normalement, j’écrivais les paroles (personne ne voulait le faire - avant que je sois dans le groupe je ne sais pas les faisait et je crois que personne ne les revendiquera -), alors comme tu dis, elles sont simples, mais nous, on est pas des mecs compliqués.  Sinon on en a fait quelques unes avec Fonfon mais chacun pouvait intervenir.  Il est évident qu’on est pas des poètes et l’avantage énorme que l’on a sur les autres c’est que NOUS, on le sait.

Pour les morceaux : d’abord la musique et du « yaourt » puis éventuellement des paroles.

Quelles étaient les influences du groupe à ses débuts ? Qu’est-ce que vous pensez aujourd’hui de votre reprise de Exploited « Fuck the mods » avec quelques années de recul ?

Les premières influences : les Ramones, Les Clash.

Il est vrai que quand on s’est aperçu qu’Exploited nous avait piqué « Fuck the mods » on a compris que notre version était au point.  Enfin c’est David (Ripost) qui a trouvé une K7 pourri d’un enregistrement d’une fête et personne n’aurait jamais dû l’entendre.  David sur ce coup là, pas terrible, et figures toi que je ne savais même pas qu’elle était sur le CD, je viens juste d’aller vérifier, je me demandais comment tu savais que l’on jouait ça.

Il y a un gros retour sur tous les groupes des années 80 en ce moment dans le petit milieu punk en France, en particulier sur les groupes étiquetés « Chaos ». Kidnap est  un des seuls groupes plus où moins affilié à cette vague que j’apprécie vraiment. Que diriez-vous aujourd’hui pour défendre vos petits camarades de l’époque ? On a beaucoup parlé du festival Chaos qui a, semble-t’il, marqué ces années, qu’en diriez-vous aujourd’hui ?

Merci ça surprend mais ça fait plaisir.  Sinon on avait pas de potes dans les groupes Chaos à part quelques membres de Komintern et Reich, bien qu’ils aimaient trop les skins pour notre goût, je pense qu’ils aimaient les avoir près d’eux.  Au Chaos Festival, on a voulu montrer (sans préméditation) que nous, on avait rien à voir avec les skins !  Et bien que l’on dise que le skin n’est pas futé, ce jour là, le skin a compris tout de suite et nous a pourri quelques concerts.  Tout cela n’a aucune espèce d’importance, ça nous a toujours permis d’être clair, de pas être invité dans les concerts avec des groupes skins ce qui fait que pratiquement tous nos concerts étaient de bons moments, sans embrouilles.

Meilleurs et pires souvenirs avec Kidnap ? Des regrets ?

Peut être de ne jamais y avoir cru (aucun d’entre nous d’ailleurs).

 Kidnap a joué aussi bien avec les groupes « Chaos », qu’avec les Newtown Neurotics ou les Bérurier Noir, trois sortes de groupes très différents. Des quels vous sentiez-vous les plus proches ? Y’avait’il une scission franche entre les groupes plus « alternatifs » à la BN et les groupes plus punk / « Chaos » ?

On est des fans des Newtown alors on les a fait venir deux fois en France (Ils n’étaient jamais venus), ils sont supers, on a bien sympathisé et on s’est bien marré.

Je n’est personnellement jamais ressenti de scission mais il y avait plein de groupes sympas sur Chaos. Non ?

Les BN sont très bons mais ce sont des stars, on a joué avec eux à leur début mais c’était nous qui organisions le concert, alors fastoche.

Que pensez-vous de la réédition du CD sorti aux Etats Unis ? En apprenant qu’Upstarts Rec. Voulait sortir ce disque, vous étiez plutôt surpris ? Flattés ? Emmerdés ?

Surpris !!

Comment vous est venue l’idée de la reformation ? Il paraît que jusqu’au dernier moment, vous n’étiez pas sûrs de monter sur scène ?

On a pas eu l’idée de se reformer et c’est vrai que jusqu’au matin du concert j’espérais encore qu’on ne le ferais pas, que notre camion se perdrait sur une route de campagne, que la fatigue du chauffeur nous obligerait à quitter la route pour reprendre des forces, que le brouillard tomberait et que soudain ils arriveraient, que la lumière aveuglante de leur vaisseau nous ferait comprendre qu’un nouveau combat devait être mené et puis non, le camion s’est garé devant la salle et tout le monde était là.

Qu’elles étaient vos attentes vis-à-vis de la réédition du disque et de la reformation ?

Aucune.

Que deviennent, actuellement, les ex-Kidnap ? « Debout 7 heures, direction l’usine… » ?

Exactement, mais avec des enfants.

Qu’est-ce que ça fait, à un ancien Kidnap, de se retrouver dans les Burning Heads, un des seuls groupes français un peu connu par un public autre que les activistes forcenés du punk à l’étranger, avec un ex-Komintern Sect?

Il faudrait demander à Fonfon, mais je ne pense pas que cela fasse grand chose.  Pour la petite histoire Fonfon et Thomas était en fac ensemble.

Pensez-vous refaire quelques concerts ? Préparez-vous des nouveaux morceaux ? Un disque ?

Il est possible que l’on fasse encore quelques concerts.  On prépare un truc mais on est extrêmement lent, des vieux titres réenregistrés.